Le
24 avril 2015, nous avons présenté un spectacle d'ombres et de
lumières. Mais un spectacle de ce type ne se monte pas en une
journée, il nécessite un travail long et minutieux. Tout a donc
commencé le mardi 2 septembre. Nous autres, élèves de la classe de
seconde 2, avons appris que notre classe était désignée pour
participer au Projet Artistique Globalisé, plus communément nommé
P.A.G. Il s'agit de travailler durant toute l'année autour d'un même
thème : le monstre et la monstruosité, tout cela afin de
passer une semaine « banalisée » d'atelier artistique
pour mettre en scène et monter nos histoires sous forme de théâtre
d'ombres. Nous avons donc travaillé dans trois matières
différentes : l'Histoire (avec notre professeur principal, M.
Gauthier), le Français (avec notre professeur de lettres, Mme
Hugenell) et l'Anglais (avec notre professeur, M. Barrière). Je vais
donc vous présenter les différentes étapes de ce projet ainsi que
mes impressions sur ce dernier, des recherches à l'atelier.
La
première étape du projet est la recherche. Tout d'abord, nous avons
étudié par groupes en Accompagnement différents types de monstres,
ainsi qu'en Français où nous avons fais des recherches sur Gustave
Doré et ses gravures. En parallèle, nous avons lu plusieurs œuvres
littéraires autour de notre objet d'étude telles que Le
Docteur Moreau
de H.G. Wells, Britannicus
de Jean Racine ou encore Serpentine
de Mélanie Fazi. Nous avons par ailleurs vu le film de Jean
Cocteau La
Belle et la Bête,
aussi étrange que poétique et le court-métrage L'étrange
récit de Victor Karloch
réalisé par Kevin McTurk, mettant en scène des marionnettes. Mais
la partie que j'ai le plus appréciée pendant cette première partie
fut en Anglais, lors de l'étude de la légende Viking Beowulf.
Ecrite par un moine au Xème siècle, il s'agit à l'origine d'une
chanson du VIIème siècle qui conte les aventures épiques du
guerrier scandinave Beowulf. Dans la légende, Beowulf aide le roi
Hrothgar contre le terrible monstre qui vient tuer, chaque nuit, un
de ses soldats. Beowulf chasse donc le monstre, le trouve et le tue.
Finalement, Beowulf sera tué par le feu empoisonné d'un dragon. Ce
travail a mené à l'apprentissage du prologue de Beowulf,
ainsi qu'à sa mise en scène sous forme de théâtre d'ombres. Ainsi
nous avons pu fabriquer pour la première fois des figurines et les
manipuler derrière un écran, une sorte d'avant-goût du travail qui
nous attendait en avril. J'ai beaucoup apprécié ce moment car il a
été nécessaire de bricoler par ses propres moyens, de rafistoler
et dessiner. De plus passer devant plusieurs personnes est
habituellement un trac plus grand, en fin de compte être cachée
derrière un écran, c'est bien plus simple.
La
deuxième grande étape de notre projet a été la rédaction et
l'apprentissage de nos histoires respectives. Nous avons formé nos
groupes, et commencé à travailler ensemble sur un scénario. Nos
premières idées étaient un peu farfelues, et d'une complexité
sans nom. En effet, présenter des monuments historiques qui prennent
vie et écrasent les villes où ils sont situés aurait été quelque
peu difficile à mettre en scène, dans notre cas. C'est alors qu'est
arrivée l'idée de Jules Verne. Nous étions enthousiastes à l'idée
de faire une « épopée » qui donnerait naissance comme
par magie aux deux œuvres de cet auteur : Voyage
au Centre de la Terre
et 20 000 lieues
sous les mers.
Avant même d'écrire notre scénario, nous avions dessiné les
différentes étapes dans une ébauche de ''storyboard''. Mais la
période de l'apprentissage est arrivée, nous étions quatre et
notre saynète ne possédait que trois personnages. Je ne peux pas
nier avoir été légèrement déçue de ne pas avoir joué vraiment
de rôle (le cri du ptérodactyle n'en étant pas réellement un).
Les autres se sont donc entraînés, et le résultat était vraiment
encourageant, même sous forme de théâtre classique !
Le temps de l'atelier est
arrivé, il s'agissait de la dernière ligne droite. Nous avions eu
une journée, quelques semaines avant, pour découvrir notre mentor :
M. Parisot. Il nous a présenté son travail de marionnettiste, ses
différents spectacles ainsi que certaines de ses marionnettes. Il
avait l'air plus que passionné par son métier. Personnellement, il
ne me viendrait pas à l'idée de prendre cette voie pour un métier
futur, de plus les marionnettes qu'il nous a montrées étaient
légèrement effrayantes. Durant l'après midi de cette première
journée, nous avons dû créer nos storyboards ''officiels''. Comme
j'adore dessiner, ce moment a été très plaisant (c'est aussi la
raison qui m'a poussé à tenter une affiche). La vraie semaine
d'atelier a débuté le 21 avril 2015, par le découpage de nos
décors et personnages (dessinés auparavant pendant certaines heures
d'accompagnement). Le carton a été une vraie torture au découpage.
Etant donné que M. Parisot nous l'avait rapporté, il avait pris la
machine appropriée au découpage. Or une machine pour 36 élèves,
c'est peu. Il fallait donc tenter de le faire soi-même. Heureusement
pour notre groupe, nous avions peu de décors, plus ou moins ornés
selon les parties. Une fois tout notre matériel découpé, assemblé,
attaché aux tiges et collé, nous avons pu nous exercer pour la
première fois derrière l'écran. Autant dire que les difficultés
venaient seulement de commencer. Entre nos problèmes avec les tiges
(pour certaines posées à l'envers), avec les transitions, avec la
coordination et surtout avec les tentacules de notre pieuvre, notre
saynète était loin d'être prête. Surtout lors du premier (et
dernier) filage, le vendredi après-midi. On pouvait sentir la
tension monter au sein du groupe, et de la classe. Je pense que pour
ne pas avoir peur de se représenter, il faut se sentir près.
Seulement, je ne me sentais pas tout à fait prête.
Car en plus de la manipulation
derrière l'écran, il y avait le discours. En effet, Nicolas et moi
avons été élus pour faire une déclaration au nom de tout les
élèves de la classe au début du spectacle, sur scène. Nous
l'avons écrite, apprise, répétée et mise en scène avec d'autres
élèves de la classe : ainsi nous avons décidé tous ensemble
de faire des pancartes d'encouragement pour le public
« Applaudissez ! », « Rires ! », et
surtout de leur donner un conseil, une citation, affichée sous forme
d'ombre sur les écrans : « Restez naïfs comme des
enfants. » de Jean Cocteau. Nous avions concocté tous ces
panneaux quelques heures avant le spectacle, et ce temps a permis en
quelque sorte de penser à autre chose que notre montée sur scène.
De plus, faire ce discours signifiait avoir un rôle réel à jouer,
même si cela signifiait aussi parler devant un public. A l'arrivée
des spectateurs, nous étions déjà derrière les écrans. C'était
la première fois que je faisais ce genre de discours (j'imagine que
pour Nicolas aussi) et au moment d'entrer sur scène, mon trac était
si prenant que j'ai débité mon texte sans même réaliser ce que je
disais. Une fois le discours passé, il fallait attendre le tour de
notre pièce et donc regarder les autres. Je n'aurais jamais pensé
qu'en une semaine on pouvait faire ça. Sachant que le filage avait
été quelque peu catastrophique, le résultat final était vraiment
réussi ! En définitive notre manipulation et interprétation
était bien mieux que lors des entraînements. Par conséquent,
l'ambiance de la classe pourrait être qualifiée d'euphorique à la
fin du spectacle.
Ainsi, le P.A.G. m'aura appris
énormément de choses sur la monstruosité, sur les autres mais
aussi sur moi-même. C'est une expérience qui m'a énormément plu,
elle m'a fait ressentir de nombreux sentiments paradoxaux : de
la peur, de la fierté, de l'inquiétude, de la joie et bien
d'autres. Elle m'a aussi permis de vaincre pour un instant ma
timidité et ma peur de parler en public. Par ailleurs, ce projet m'a
sensibilisée à l'art vivant, aussi bien le spectacle de
marionnettes que le théâtre. Les connaissances que je viens
d'acquérir et l'aventure que je viens de vivre resteront gravées
dans ma mémoire.
Clara S.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire