jeudi 4 juin 2015

Bilan

Le 24 avril 2015, nous avons présenté un spectacle d'ombres et de lumières. Mais un spectacle de ce type ne se monte pas en une journée, il nécessite un travail long et minutieux. Tout a donc commencé le mardi 2 septembre. Nous autres, élèves de la classe de seconde 2, avons appris que notre classe était désignée pour participer au Projet Artistique Globalisé, plus communément nommé P.A.G. Il s'agit de travailler durant toute l'année autour d'un même thème : le monstre et la monstruosité, tout cela afin de passer une semaine « banalisée » d'atelier artistique pour mettre en scène et monter nos histoires sous forme de théâtre d'ombres. Nous avons donc travaillé dans trois matières différentes : l'Histoire (avec notre professeur principal, M. Gauthier), le Français (avec notre professeur de lettres, Mme Hugenell) et l'Anglais (avec notre professeur, M. Barrière). Je vais donc vous présenter les différentes étapes de ce projet ainsi que mes impressions sur ce dernier, des recherches à l'atelier.

La première étape du projet est la recherche. Tout d'abord, nous avons étudié par groupes en Accompagnement différents types de monstres, ainsi qu'en Français où nous avons fais des recherches sur Gustave Doré et ses gravures. En parallèle, nous avons lu plusieurs œuvres littéraires autour de notre objet d'étude telles que Le Docteur Moreau de H.G. Wells, Britannicus de Jean Racine ou encore Serpentine de Mélanie Fazi. Nous avons par ailleurs vu le film de Jean Cocteau La Belle et la Bête, aussi étrange que poétique et le court-métrage L'étrange récit de Victor Karloch réalisé par Kevin McTurk, mettant en scène des marionnettes. Mais la partie que j'ai le plus appréciée pendant cette première partie fut en Anglais, lors de l'étude de la légende Viking Beowulf. Ecrite par un moine au Xème siècle, il s'agit à l'origine d'une chanson du VIIème siècle qui conte les aventures épiques du guerrier scandinave Beowulf. Dans la légende, Beowulf aide le roi Hrothgar contre le terrible monstre qui vient tuer, chaque nuit, un de ses soldats. Beowulf chasse donc le monstre, le trouve et le tue. Finalement, Beowulf sera tué par le feu empoisonné d'un dragon. Ce travail a mené à l'apprentissage du prologue de Beowulf, ainsi qu'à sa mise en scène sous forme de théâtre d'ombres. Ainsi nous avons pu fabriquer pour la première fois des figurines et les manipuler derrière un écran, une sorte d'avant-goût du travail qui nous attendait en avril. J'ai beaucoup apprécié ce moment car il a été nécessaire de bricoler par ses propres moyens, de rafistoler et dessiner. De plus passer devant plusieurs personnes est habituellement un trac plus grand, en fin de compte être cachée derrière un écran, c'est bien plus simple.

La deuxième grande étape de notre projet a été la rédaction et l'apprentissage de nos histoires respectives. Nous avons formé nos groupes, et commencé à travailler ensemble sur un scénario. Nos premières idées étaient un peu farfelues, et d'une complexité sans nom. En effet, présenter des monuments historiques qui prennent vie et écrasent les villes où ils sont situés aurait été quelque peu difficile à mettre en scène, dans notre cas. C'est alors qu'est arrivée l'idée de Jules Verne. Nous étions enthousiastes à l'idée de faire une « épopée » qui donnerait naissance comme par magie aux deux œuvres de cet auteur : Voyage au Centre de la Terre et 20 000 lieues sous les mers. Avant même d'écrire notre scénario, nous avions dessiné les différentes étapes dans une ébauche de ''storyboard''. Mais la période de l'apprentissage est arrivée, nous étions quatre et notre saynète ne possédait que trois personnages. Je ne peux pas nier avoir été légèrement déçue de ne pas avoir joué vraiment de rôle (le cri du ptérodactyle n'en étant pas réellement un). Les autres se sont donc entraînés, et le résultat était vraiment encourageant, même sous forme de théâtre classique !

Le temps de l'atelier est arrivé, il s'agissait de la dernière ligne droite. Nous avions eu une journée, quelques semaines avant, pour découvrir notre mentor : M. Parisot. Il nous a présenté son travail de marionnettiste, ses différents spectacles ainsi que certaines de ses marionnettes. Il avait l'air plus que passionné par son métier. Personnellement, il ne me viendrait pas à l'idée de prendre cette voie pour un métier futur, de plus les marionnettes qu'il nous a montrées étaient légèrement effrayantes. Durant l'après midi de cette première journée, nous avons dû créer nos storyboards ''officiels''. Comme j'adore dessiner, ce moment a été très plaisant (c'est aussi la raison qui m'a poussé à tenter une affiche). La vraie semaine d'atelier a débuté le 21 avril 2015, par le découpage de nos décors et personnages (dessinés auparavant pendant certaines heures d'accompagnement). Le carton a été une vraie torture au découpage. Etant donné que M. Parisot nous l'avait rapporté, il avait pris la machine appropriée au découpage. Or une machine pour 36 élèves, c'est peu. Il fallait donc tenter de le faire soi-même. Heureusement pour notre groupe, nous avions peu de décors, plus ou moins ornés selon les parties. Une fois tout notre matériel découpé, assemblé, attaché aux tiges et collé, nous avons pu nous exercer pour la première fois derrière l'écran. Autant dire que les difficultés venaient seulement de commencer. Entre nos problèmes avec les tiges (pour certaines posées à l'envers), avec les transitions, avec la coordination et surtout avec les tentacules de notre pieuvre, notre saynète était loin d'être prête. Surtout lors du premier (et dernier) filage, le vendredi après-midi. On pouvait sentir la tension monter au sein du groupe, et de la classe. Je pense que pour ne pas avoir peur de se représenter, il faut se sentir près. Seulement, je ne me sentais pas tout à fait prête. 
 
Car en plus de la manipulation derrière l'écran, il y avait le discours. En effet, Nicolas et moi avons été élus pour faire une déclaration au nom de tout les élèves de la classe au début du spectacle, sur scène. Nous l'avons écrite, apprise, répétée et mise en scène avec d'autres élèves de la classe : ainsi nous avons décidé tous ensemble de faire des pancartes d'encouragement pour le public « Applaudissez ! », « Rires ! », et surtout de leur donner un conseil, une citation, affichée sous forme d'ombre sur les écrans : « Restez naïfs comme des enfants. » de Jean Cocteau. Nous avions concocté tous ces panneaux quelques heures avant le spectacle, et ce temps a permis en quelque sorte de penser à autre chose que notre montée sur scène. De plus, faire ce discours signifiait avoir un rôle réel à jouer, même si cela signifiait aussi parler devant un public. A l'arrivée des spectateurs, nous étions déjà derrière les écrans. C'était la première fois que je faisais ce genre de discours (j'imagine que pour Nicolas aussi) et au moment d'entrer sur scène, mon trac était si prenant que j'ai débité mon texte sans même réaliser ce que je disais. Une fois le discours passé, il fallait attendre le tour de notre pièce et donc regarder les autres. Je n'aurais jamais pensé qu'en une semaine on pouvait faire ça. Sachant que le filage avait été quelque peu catastrophique, le résultat final était vraiment réussi ! En définitive notre manipulation et interprétation était bien mieux que lors des entraînements. Par conséquent, l'ambiance de la classe pourrait être qualifiée d'euphorique à la fin du spectacle. 
 
Ainsi, le P.A.G. m'aura appris énormément de choses sur la monstruosité, sur les autres mais aussi sur moi-même. C'est une expérience qui m'a énormément plu, elle m'a fait ressentir de nombreux sentiments paradoxaux : de la peur, de la fierté, de l'inquiétude, de la joie et bien d'autres. Elle m'a aussi permis de vaincre pour un instant ma timidité et ma peur de parler en public. Par ailleurs, ce projet m'a sensibilisée à l'art vivant, aussi bien le spectacle de marionnettes que le théâtre. Les connaissances que je viens d'acquérir et l'aventure que je viens de vivre resteront gravées dans ma mémoire.

Clara S.

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