Les serpents de mer
« I WATCHED THE WATER
SNAKES »
« Ses rayons se jouaient sur la mer
brûlante : on eût dit la gelée blanche qu’avril répand sur la terre ; mais au
milieu de l’ombre projetée par le navire, l’onde ensorcelée ardait toujours,
calme et d’un rouge terrible.
Au-delà de ce reflet, j’aperçus
des serpents d’eau ; ils se mouvaient dans des voies de clarté blanche, et
quand ils dressaient leurs têtes au-dessus de l’onde, une lumière fantastique
s’en détachait en blanches étincelles. »
Samuel Coleridge, La Ballade du vieux marin (1798).
Cette gravure de Gustave Doré illustre
l'histoire, le poème de la Ballade du vieux marin de Samuel Coleridge.
La scène se passe pendant la nuit. La
proue dessine une ligne diagonale puissante autour de laquelle la composition
s’organise. Sur la partie gauche de l’image, les voiles sont affalées sur la
proue du navire visible au premier plan. Elles forment un écran qui masque la
perspective et ferme l’espace. Cette partie de la gravure est à l’image de l’avenir : vide, désespérant et sans
horizon. Assis au bord du navire, au milieu des voiles, le vieux marin est une
figure de proue, image même de la désolation. Il paraît faible et abattu. Autour de son cou est suspendu le cadavre de
l’albatros qu’il a tué, symbole de la malédiction pesant sur le navire.
A la droite de l’image, dans la mer, on
peut apercevoir des monstres marins envoyés par la Nature. Ils rôdent autour du
bateau, tourmentant ainsi le marin, seul survivant à bord du voilier. Les
lignes sinueuses de leur corps s’opposent à la raideur de la proue. Ces animaux
fantastiques évoquent ainsi la vie, le mouvement.
Cette gravure est très représentative de
l'oeuvre car on y distingue des éléments majeurs de l'oeuvre. Elle illustre le
passage où le marin est seul sur le navire et où il se désole du triste sort de
ses camarades et de lui-même. De plus il a l'air préoccupé et pensif, sûrement
à cause du poids de la malédiction ainsi que de l'envoi par la Nature de monstres et de créatures
hideuses pour le tourmenter.
Cette gravure est nette et réussie, d'où notre choix. Elle peut être
attribuée avec certitude à Gustave Doré, sa signature étant visible en bas, à
gauche de l'oeuvre.
Clara Meyer, Clara Sebbag et Fabian Guillaumet
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